Le retour des petits chefs

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Le retour des petits chefs

Texte de Richard DOUDET, Avocat en droit du travail à Limoges

" Les femmes sont les premières victimes du retour programmé des petits chefs.
Tout au long de son histoire le Droit du travail s'est construit contre le pouvoir des petits chefs. C'est contre les abus sur les ouvrières du contremaître PENAUD, des manufactures HAVILAND, que LIMOGES a connu des grèves massives et violentes en 1905. Plus que le grand soir, la première revendication des ouvriers en 1936, c'était la création des Délégués d'atelier pour faire face à la férule de ces petits dictateurs dont on avait laissé s'installer la toute puissance en 30 ans de taylorisme.


Progressivement le Code du travail a réduit cette toute puissance, créant des droits, des protections dont tous les ouvriers ont bénéficié mais, en premier lieu les femmes. Priver une femme de son emploi pouvait coûter cher.
Le grignotage constant du Code du travail, la disparition du motif du licenciement au profit d'une rupture conventionnelle téléchargée en 2 minutes et signée en 3 minutes sur un coin de table et, surtout, la création du barème MACRON ont réduit considérablement le risque prud'homal pour l'employeur et le message est passé très vite.
Aujourd'hui, une femme seule de 55 ans licenciée abusivement peut se voir allouer 3 mois de salaire après 20 ans d'ancienneté. La peur a, à nouveau, changé de camp. "Tu crois que tu me fais peur avec tes prud'hommes ? Comment tu vas faire avec tes deux gosses quand tu seras à la rue ?" les petits chefs reviennent et comme il y a 115 ans, ils s'en prennent en premier lieu aux femmes seules, isolées avec enfants. Elles redeviennent des proies faciles, seules dans une chambre d'hôtel qu'elles doivent nettoyer et ranger en 7 minutes chronomètre en main. Quelle preuve face au harcèlement sexuel ? Aux menaces ? On nous raconte, à nouveau dans nos cabinets, l'émergence sordide des "favorites". De fait, aujourd'hui, la période d'essai pour tous les salariés est passée à 4 ans. En dessous, le risque est quasi-inexistant et on est à la merci du petit chef.
​​​​​​​Le nouveau monde de M. MACRON a un goût amer à hauteur d'aspirateur ".

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